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L’alimentation du soldat allemand sur les fronts d’Alsace

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L’alimentation du soldat allemand sur les fronts d’Alsace Empty L’alimentation du soldat allemand sur les fronts d’Alsace

Message par scoubidou57 Jeu 9 Mai - 14:54

L’alimentation du soldat allemand sur les fronts d’Alsace
et de Champagne à travers l’approche archéologique des dépotoirs
de la Première Guerre mondiale



Résumé : La Première Guerre mondiale est à l’origine de bouleversements majeurs dans l’alimentation.
La zone de combat devient pour la première fois le lieu de vie du combattant pendant une longue
durée. L’alimentation du soldat a rarement fait l’objet d’études spécifiques d’une part en raison d’une
présupposée bonne connaissance ou au contraire d’un manque de documentation. Son évocation dans
les témoignages des soldats eux-mêmes est trop souvent fragmentaire et anecdotique, même si celle-
ci joue un rôle non négligeable dans la lutte pour la survie quotidienne. La recherche concernant
l’alimentation sur le front en est à ses balbutiements et l’étude des objets qui lui sont liés mérite
une attention particulière. Ces derniers contiennent une quantité d’informations encore largement
inexploitées. À travers des objets issus de dépotoirs d’Alsace et de Champagne-Ardenne, une
première approche a pu être menée pour les troupes allemandes à travers plusieurs problématiques,
telles que l’approvisionnement de l’industrie à la « roulante », l’emballage et le conditionnement
avec l’importance de la figuration patriotique, l’apparition d’une nourriture adaptée allant vers une
autonomie alimentaire du combattant ou la gestion des déchets avec la récupération des matériaux.
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Fig. 1 : Bouteilles de bière et d’eaux minérales provenant de Geispolsheim (Bas-Rhin) (Photos de DAO : I. Dechanez-
Clerc, PAIR). A : Au premier plan, bouteilles d’eaux minérales et au second plan bières strasbourgeoises.
B-H : Capsules de bières strasbourgeoises. I-K : Capsules d’eaux minérales bas-rhinoises. L : Capsule de Chabeso.

Cette étude, qui s’inscrit dans le cadre général de la prise en compte récente des vestiges de la
Première Guerre mondiale, a pour objectif de présenter une première synthèse des résultats issus
de l’étude archéologique d’objets provenant de structures militaires ou de dépotoirs allemands de la
Première Guerre mondiale1.
La Première Guerre mondiale entraîne des bouleversements majeurs dans l’organisation d’un
conflit armé à travers l’immense organisation humaine et matérielle s’établissant progressivement en
profondeur. Le quotidien des combattants est rythmé par les séjours sur le front dans les tranchées et
les périodes de repos à l’arrière. À l’ouest, des millions d’hommes vont être équipés et approvisionnés
sur une bande étroite et surpeuplée, d’une longueur de plus de 600 km s’étendant de la mer du
Nord jusqu’à la Suisse. Ce front était desservi par un incroyable réseau de voies de communication
(routes, chemins, voies ferrées, téléphériques, tranchées, boyaux...). Au regard du combattant, le
ravitaillement est une nécessité quotidienne, mais aussi un appui matériel et moral. Le soldat doit
tenir la ligne de feu dans des conditions extrêmes en maintenant des liens avec l’arrière. La nourriture
y joue un rôle prédominant, à l’instar des colis, des courriers et des journaux. En temps normal, le
soldat situé en première ligne est alimenté par une corvée, approvisionnée par une cuisine fixe ou
roulante2, mais l’autonomie alimentaire du combattant peut également être sollicitée et garantie. Les
contenants alimentaires, qui se sont massivement imposés dans la société de consommation actuelle,
conditionnaient en grande partie le délai de consommation des aliments3.
L’alimentation du combattant produit des quantités considérables de déchets qui ont très rarement
fait l’objet d’étude. Le dépotoir enterré est une structure riche en informations qui permet d’établir
une véritable « photographie » du quotidien. Il résulte du stationnement temporaire de troupes sans
cesse renouvelées. Leurs tailles varient selon la proximité des tranchées. Sur le front, ils sont petits,
peu compacts et souvent mélangés au sédiment évacué à l’arrière de la tranchée4. Dans les camps de
repos, au contraire, l’emplacement du dépotoir est défini et le remplissage révèle souvent un certain
ordonnancement, voire une affectation par unité. Les fosses les plus importantes atteignent parfois
plusieurs mètres cubes. Une signalétique peut même parfois avoir été mise en place5.
Les objets liés à l’alimentation retrouvés dans les dépotoirs, appartiennent à trois grandes
catégories  : les boissons, les aliments d’origine animale et ceux d’origine végétale. À partir
d’exemples provenant d’Alsace (Landolt et alii 2008, 2009, à paraître) et de Champagne-Ardenne
(Lesjean 2008)6, le potentiel documentaire de chaque catégorie d’objet sera présenté et plusieurs
problématiques d’étude pourront être proposées pour le développement ultérieur de la recherche.
Pour l’Alsace, les exemples proviennent de la position fortifiée allemande de Geispolsheim (Bas-
Rhin), liée à la défense de Strasbourg entre 1914 et 1916, et de dépotoirs datés de 1917/1918 retrouvés
sur la première ligne de front allemande dans le Sundgau à Aspach-Carspach (Haut-Rhin).
1. Les boissons
Le vin et la bière

Les boissons alcoolisées sont nombreuses. Elles étaient généreusement distribuées dans les
compagnies ou achetés par les hommes avec leur argent personnel pour aider le combattant à
supporter les rudes conditions de la guerre et de la vie militaire7. Contrairement à l’idée reçue, le vin
n’a pas toujours été la boisson la plus fréquente et, au début de la guerre, le règlement l’interdit.
Dans un contexte brassicole européen ayant atteint son apogée à la fin du XIXe siècle, les dépotoirs
montrent que la consommation de bière est plus élevée dans les lignes allemandes que dans les
lignes françaises (Lesjean 2008, p. 54-55). De petites brasseries sont même installées spécifiquement
à l’arrière pour approvisionner les cantines. La bière, largement distribuée à l’arrière, alourdie
considérablement le paquetage.
L’étude des provenances des bouteilles retrouvées dans les dépotoirs montre que les bouteilles
de bière émanent principalement des territoires allemands ou des pays envahis. À Aspach-Carspach,
les bières consommées proviennent d’Alsace (« Schutzenberger » et « Hoffnung » à Schiltigheim et
Mulhouse), du Bade-Wurtemberg (Stuttgart) et de Basse-Saxe (« H. Klostermann » à Oldenburg). À
Geispolsheim les brasseries strasbourgeoises sont très bien représentées (« Prieur », « Schutzenber-
ger », « Münsterbräu », « Freysz », « Gruber », « Fischer », « Stadt Paris »...) (Fig. 1, A-H). Les prove-
nances s’expliquent d’abord par la proximité des lieux de production, comme à Geispolsheim, mais
l’étude du lien éventuel entre les provenances des troupes et celles des bouteilles retrouvées dans les
dépotoirs reste à entreprendre. Enfin, certaines interrogations demeurent sur la présence de bouteilles
portant des inscriptions étrangères retrouvées sur le front champenois8, en particulier celles provenant
d’Afrique du Sud (« Property of the South African breweries L[imi]t[e]d [Liability]»)9 ou d’Amérique
latine comme le Paraguay (« Cerveceria Alemana Paraguay - Asunción »)10 ou le Venezuela (« Cerve-
cería Nacional - Caracas - 1/3 litro - Gran premio : San Luis 1904-Turin 1912 »)11.
______________________________________

(3) Les contenants alimentaires peuvent être en métal, en verre, en faïence, en porcelaine, en grès et en matériaux plus léger et
périssables comme le tissu ou le papier.
(4) À Aspach-Carspach (Haut-Rhin), un trou d’obus a été réutilisé en dépotoir (Landolt et alii 2009, p. 33).
(5) La découverte sur le front champenois d’une plaque en ardoise peinte indiquant «  fosse dépotoir de deuxième section  »
(« Müllgrube II. Zug. ») précise l’affectation de la structure au plus petit échelon de l’organisation de l’infanterie allemande
(Lesjean 2008, p. 30).
(6) Une étude du même type a pu être réalisée pour le camp de prisonniers de la Première Guerre mondiale de Quedlinburg en
Allemagne (Saxe-Anhalt) (Demuth 2006).
(7) Des scènes de distribution et de consommation de vin par les troupes allemandes en Alsace à l’arrière sont reproduites dans
Ehret 1988, p. 140-141, fig. 186-187.
(8) La présence de bouteilles de ce type serait attestée sur le front vosgien (information Jean-Claude Fombaron).
(9) « Propriété des brasseries d’Afrique du Sud, société à responsabilité limitée. »
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Fig. 2 : Bouteilles à bille (Photos et DAO : M. Landolt et F. Lesjean). A : Soldats saxons au repos en Champagne pendant
la bataille des Monts de Champagne en avril 1917 avec des bouteilles à bille (collection privée). B : Bouteille à bille
portant l’inscription « Las Leonas » originaire de Lima au Pérou provenant du front champenois (collection F. Lesjean).
C : Bouteille à bille portant l’inscription « Gazoza C. U. V. » originaire de Bahia au Brésil provenant du front champenois
(collection F. Lesjean). D : Bouteille à bille portant l’inscription « Adsella » provenant du front champenois
(collection F. Lesjean). E : Bouteille à bille provenant d’Aspach-Carspach (Haut-Rhin).
Les alcools forts
Les témoignages de combattants rapportent de larges distributions d’alcool fort, notamment
avant les assauts (Lesjean 2008, p. 59-61). Ces alcools, servis gratuitement et en abondance, ont la
réputation d’être de mauvaise qualité, de sorte que certains combattants refusent de les consommer.
Cependant, le soldat apprécie de disposer d’une petite réserve, car la consommation quotidienne de
Schnaps est bien ancrée dans les mœurs d’avant-guerre, surtout à la campagne. Le recours à ce type
de boisson aide à supporter les mauvaises conditions climatiques et s’utilise comme remède aux petits
maux de santé. Tout en régulant sa consommation, l’armée veille à ce que les combattants disposent
toujours d’un minimum d’alcool. Le combattant allemand peut se procurer à la cantine de petites
flasques épousant les poches de sa veste, le bouchon creux servant parfois de dé à boire. Ce type
de récipient, fréquemment retrouvé dans les dépotoirs, peut porter des motifs patriotiques (soldat,
croix de fer, portrait du Kaiser, d’Otto von Bismarck ou du maréchal Paul von Hindenburg...) et des
inscriptions (« Prosit Kamerad ! », « Sensenmann hinweg mit Dir ! Besser Schnaps als schlechtes
Bier ! » ...12).
Les cruchons en grès, d’utilisation traditionnelle dans les pays germaniques, sont largement
diffusés. Ils pouvaient contenir de l’eau de vie (Schnaps) ou des eaux minérales13.
L’eau minérale
Au début du XXe siècle, l’Allemagne est l’un des plus grands producteurs d’eau minérale
embouteillée dans le monde. Elle est traditionnellement conditionnée dans des cruchons en grès
(Krüge), apparus au XVIIIe siècle. Ce type bouteille est de plus en plus contesté. Ainsi, en 1916, un
détracteur évoque leur poids trop important lors du transport, les nombreux défauts de fabrication
invisibles qui fragilisent le cruchon, les difficultés de nettoyage à cause de l’opacité du récipient et le
problème de la dilution dans l’eau des restes de sel utilisé lors de la fabrication du grès (Eisenbach
2004, p. 175 d’après Winckler 1916). C’est pourquoi les cruchons en grès sont délaissés au profit
de bouteilles en verre, mais les deux types de récipients restent utilisés pendant toute la durée du
conflit. Plusieurs systèmes de fermetures de bouteille en verre coexistent jusqu’à la Première Guerre
mondiale (capsule en porcelaine avec poignée ou levier métallique, capsule dentelée métallique,
capsule métallique à vis, capsule métallique à fil et bouchon à visser)14. À partir de 1916, la capsule
couronnée métallique à vingt-quatre dents, plus simple que la fermeture à bouchon de porcelaine,
équipe progressivement de plus en plus de bouteilles (eaux minérales et bières)15. Le décapsuleur
devient alors un outil nécessaire du combattant.
En 1909, il existait en Allemagne au moins 152 entreprises autonomes d’embouteillage et
d’expédition d’eau (Eisenbach 2004, p. 156-161)16. La production annuelle allemande d’eau
embouteillée s’élevait à plus de 100 millions de bouteilles en 1914 et connaissait une croissance
principalement due aux exportations. Avec la déclaration de la guerre, cette production décroît
précipitamment, du fait de l’arrêt des exportations17, de la réquisition des systèmes de transport
et de la mobilisation, même si de nombreuses femmes travaillaient pour cette industrie. La
production décroit ainsi de moitié en quatre ans, pour atteindre environ 50 millions de bouteilles
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(10) « Brasserie allemande du Paraguay - Asunción. »
(11) « Brasserie Nationale - Caracas - 1/3 litre – Grand prix : San Luis 1904-Turin 1912. »
(12) « À ta santé camarade ! », « Mort éloigne-toi de moi ! Mieux vaut de l’eau de vie qu’une mauvaise bière ! »...
(13) Ce type de récipient sera développé dans la partie concernant les eaux minérales.
(14) Pour connaître le fonctionnement et l’histoire de ces différents systèmes de fermeture, voir Kühles 1947 et Eisenbach 2004,
p. 176-181.
(15) Le système de fermeture à capsule en porcelaine (Flashenverschlüsse aus Porzellan) a été développé en Allemagne en
1875 et la capsule dentelée métallique en 1900 d’après un brevet américain déposé en 1892 (Kronkorken) (Eisenbach 2004,
p. 176-178). Une fine couche de liège empêchait le contact du métal avec la boisson.
(16) Le chiffre de 125 présenté dans l’inventaire de Hans Staffelstein (Staffelstein 1909) a été complété par les travaux d’Ulrich
Eisenbach (Eisenbach 2004, p. 156-161). On en notera par exemple 19 en Bavière, 8 en Bade, 7 en Wurtemberg, 6 en
Alsace-Lorraine... La plus grande concentration se trouve dans les régions montagneuses du Rhin moyen entre Cologne et
Francfort-sur-le-Main (Hunsrück, Eifel et Taunus).
(17) E n 1914, les exportations annuelles atteignaient 450 000 hectolitres contre 50 000 hectolitres en 1920 (Eisenbach 2004, p. 220).
--------------------------------------------------------
à la fin de la guerre (Eisenbach 2004, p. 197 et 219). À partir de 1916, la production est soutenue
par l’approvisionnement de l’armée en eaux minérales et par la mise en place d’un système de
subvention par la Fédération allemande des eaux minérales (Deutsche Mineralbrunnen-Verband).
Pour chaque bouteille remplie, une aide d’un Pfennig était reversée à l’entreprise par l’association,
si la production était inférieure à 10 % de celle de l’année précédente. Les 19 et 20 octobre 1917,
lors de la Journée de l’eau (Brunnentag), l’Association impériale allemande des eaux minérales est
créée à Cologne (Reichsverband Deutscher Mineralbrunnen) (Eisenbach 2004, p. 198-199). Elle
regroupe 59 entreprises qui représentent environ 80 % du marché en Allemagne. En novembre 1917,
à Francfort-sur-le-Main, 26 entreprises de la région du Rhin et de Hesse fusionnent pour créer la
Centrale de l’eau allemande (Deutsche Brunnen-Zentrale).
Les bouteilles d’eaux minérales sont fréquentes dans les dépotoirs, les médecins militaires
interdisant la consommation de l’eau se trouvant sur le terrain par crainte de la pollution du champ
de bataille et du risque de typhoïde (Lesjean 2008, p. 58-59). À Aspach-Carspach, un bouchon en
porcelaine provient d’une bouteille d’eau minérale de Romanswiller (« Romanswiller Mineralquelle
Vogesia ») près de Wasselonne (Bas‐Rhin). À Geispolsheim, les eaux minérales proviennent de
Basse-Alsace (Fig. 1, A et I-K). Une capsule en porcelaine avec levier de fermeture métallique
(Ringmündung für Hebelverschluss) appartient à une bouteille d’eau minérale gazeuse provenant
de la source « Badbronn » à Châtenois (Bas-Rhin) (« Brunnenverwaltung Badbronn Kestenholz
Elsa[ß] ») (Fig. 1, I)18. L’eau de cette source est embouteillée à partir de 1910 par la « Badbronner
Mineralbrunnen Gesellschaft » et sa production cessa peu de temps après la fin de la guerre. Pendant
la Première Guerre mondiale, les installations thermales mitoyennes sont réquisitionnées par les
troupes allemandes pour servir d’hôpital militaire (Feldlazarett 32). La production d’eau minérale
continua pendant le conflit probablement avec l’aide des soldats eux-mêmes19. À Geispolsheim,
d’autres bouteilles proviennent des entreprises bas-rhinoises « Guth » à Illkirch-Graffenstaden et
« Nuss » à Molsheim (Fig. 1, J-K).
Les boissons non alcoolisées
Les bouteilles en verre de soda, de limonade et autres boissons non alcoolisées sont bien
attestées. En Allemagne, l’industrialisation de la production de limonade se développe à la fin du
XIXe siècle. Jusqu’en 1914, sa production ne dépasse pas 10 % du chiffre d’affaire des entreprises
liées à l’embouteillage de l’eau (Eisenbach 2004, p. 212-217).
Plusieurs capsules en porcelaines avec levier de fermeture métallique portant l’inscription
« Chabeso » ont été retrouvées à Geispolsheim (Bas-Rhin) (Fig. 1, L). Le Chabeso est une boisson
non alcoolisée correspondant à une limonade d’acide lactique (Milchsäurehaltige Limonade)
associée à des fruits aromatiques20. La boisson apparaît en Allemagne peu de temps avant la Première
Guerre mondiale et connaît un véritable succès en 1914. Son origine est basée sur l’observation des
effets de l’acide lactique sur la durée de vie des Bulgares et des Roumains21. Cette boisson pouvait
être mélangée à du soda, du jus de fruit, du vin ou de la bière. La devise était « Chabeso für die
Volksgesundheit  » (Chabeso pour la santé publique). Il y eu jusqu’à cinquante-sept fabriques de
Chabeso en Allemagne et des usines furent implantées en Belgique, au Luxembourg, aux États-Unis,
au Pérou, en Argentine, en Egypte et d’autres pays orientaux.
Les bouteilles à bille (Flasche mit Kugelverschluss) sont un type particulier de contenant en
verre épais destiné aux boissons gazeuses, principalement la limonade, mais aussi l’eau minérale
(Eisenbach 2004, p. 180 ; Desfossés et alii 2008, p. 48 ; Landolt et alii 2008, p. 51-53 ; Lesjean
2008, p. 52-56) (Fig. 2). Elles possèdent un profil singulier pour une contenance moyenne. La bille
en verre, prisonnière par un étranglement à la base du goulot, joue le rôle de bouchon22. Le gaz
-------------------------------------------------------------------
(18) Nous tenons à remercier M. Jean-Philippe Dussourd, du groupe Patrimoine et histoire de Châtenois, pour ces renseignements
sur l’exploitation de l’eau à Châtenois. Ce type de capsule était utilisé pour deux types de bouteilles : celles finement
gazeuses « Badbronner Heinrichquelle » et celles gazeuses « Badbronner Sprudel ».
(19) On signalera la présence, sur plusieurs photographies prises à l’intérieur de l’hôpital militaire, de bouteilles d’eau minérales
provenant de la source Badbronn (documents Jean-Philippe Dussourd). On notera cependant l’absence d’étiquettes. Dans
l’état actuel de la documentation, nous ne connaissons malheureusement pas la diffusion de ces bouteilles pendant le conflit.
Les troupes allemandes stationnées à proximité de Sainte-Marie-aux-Mines était-elles alimentées en eau de Châtenois ?
(20) Les informations concernant l’histoire de cette boisson sont issues du site Internet de la firme Chabeso (http://www.chabeso.de/).
(21) En Roumanie et en Bulgarie, l’espérance de vie était l’une des plus élevée d’Europe.
(22) Certains modèles ne présentent pas d’étranglement, la bille restant mobile dans tout le volume de la bouteille.
-------------------------------------------------------------------
carbonique sous pression contenu dans la boisson maintenait la bille à l’extrémité du goulot23. Le
témoignage du médecin-major français Forestier, lors de la conquête du Mont Cornillet (Marne) sur
le front de Champagne le 20 mai 1917, illustre cette hypothèse. Le soldat raconte une reconnaissance
à l’intérieur d’un tunnel : « Parmi les caisses amoncelées, j’aperçois des bouteilles d’eau gazeuse, nous
mourons de soif ; je presse sur la bille et bois avec délice. Un allemand étendu à terre a entendu le bruit
et dit faiblement « zum trinken » ; apitoyé, je lui tends la bouteille et goulûment, il la vide d’un seul
trait » (Grenouilleau 2005). L’inclinaison horizontale de la bouteille permet de vider complètement la
bouteille, car la bille, entraînée vers le goulot, se trouve retenue entre deux ergots situés à proximité
du goulot. Par contre, une inclinaison quasi verticale de la bouteille piège systématiquement la bille
dans le goulot et empêche tout écoulement : on peut ainsi arriver à obtenir un débit du liquide par
doses plus ou moins égales, en fonction de la rapidité de l’inclinaison de la bouteille. Un cliché
exceptionnel montre l’utilisation de bouteilles à bille par des soldats saxons au repos en Champagne
pendant la bataille des « Monts de Champagne » en avril 1917 (Fig. 2, A)24.
Il faut souligner l’existence de ces bouteilles en Angleterre dès la fin du XIXe siècle pour des
sodas et des boissons gazeuses. L’existence de tire-bouchon possédant un système permettant
l’ouverture de ce type de bouteille est attestée en Angleterre25. Les troupes britanniques les utilisent
en France pendant la Grande Guerre. Côté allemand, plusieurs variantes de bouteilles à bille sont
recensées, en fonction de leur contenance, moulure, couleur et inscriptions (Fig. 2, B-E). Elles
sont majoritairement non décorées et non inscrites, comme pour l’exemplaire alsacien d’Aspach-
Carspach (Landolt et alii 2008, p. 51-53) (Fig. 2, E). Une étiquette collée indiquait la provenance
et le type de boisson. Un exemplaire de bouteille retrouvé en Champagne, présentant une partie
supérieure de forme atypique, provient de Dresde (Saxe) (« Deutsche Limonaden Fabrik - Otto Boyde -
Dresden »). Pour les exemplaires allemands, plusieurs zones de productions ont déjà été identifiées :
l’Allemagne et les pays d’Amérique latine (Argentine, Brésil, Chili et Pérou)26 qui diffusait ses
productions essentiellement vers l’Allemagne avant la guerre (Fig. 2, B-C). Les bouteilles à bille
sont encore utilisées de nos jours au Japon pour une boisson gazeuse aromatisée non alcoolisée
appelée « Ramune » qui est diffusée aux Etats-Unis27. La boisson était très populaire dans la marine
impériale japonaise pendant la Seconde Guerre mondiale.
Les bouteilles à bille se rencontrent plus fréquemment dans les positions allemandes aménagées
à partir de la fin de 1916 et du début de 1917 jusqu’à la fin de la guerre. L’hypothèse de leur diffusion
dans les secteurs où l’eau était naturellement rare doit être vérifiée à travers le développement
de l’étude archéologique des dépotoirs28. En effet, elles sont très courantes en 1917 sur le front
champenois notamment dans le tunnel du Mont Cornillet (Marne) qui abritait plus de 600 soldats
allemands. Par contre, en Argonne et au « Chemin des Dames » (Aisne), elles sont moins répandues
à la même période, probablement en raison d’autres sources d’approvisionnement en eau.

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Message par scoubidou57 Jeu 9 Mai - 14:54

2. Les aliments d’origine animale
La viande et ses dérivés

La viande est un des principaux aliments consommés par les combattants. La ration quotidienne
du soldat allemand était théoriquement de 375 g de viande fraîche ou salée (Bour et alii 2008, p. 17).
Son conditionnement en boîte métallique est très répandu, principalement sous la forme de bœuf
(23) Un joint en caoutchouc garantissait l’étanchéité et la surépaisseur du verre assurait la solidité de la bouteille.
(24) Soldats du 107e régiment d’infanterie saxon (8. Königlich Sächsisches Infanterie-Regiment « Prinz Johann Georg » Nr. 107)
appartenant à la 58e division d’infanterie (58. Infanterie-Division) en position sur le front des Monts de Champagne du 21
mars au 23 avril 1917. Sur le cliché, trois soldats tiennent des bouteilles à bille et on peut reconnaître, derrière l’épaule droite
d’un soldat assis, un casier contenant ce type de bouteille.
(25) Dans l’état actuel de la recherche nous ne savons pas si ce système existait en Allemagne. Un petit tuyau coudé permettait
l’évacuation du gaz lors de l’ouverture.
(26) Plusieurs villes ou régions ont pu être identifiées à partir des inscriptions moulées présentes sur les bouteilles à bille : Bahia
(Brésil), Buenos Aires (Argentine), Esperanza (Chili), Lima (Pérou)...
(27) Nous tenons à remercier M. Alexandre Bolly, archéologue au Pôle d’Archéologie Interdépartemental Rhénan, pour ces
renseignements. Le terme « Ramune » est issu de la déformation phonétique de l’anglais « Lemonade ». Cette boisson peut
être aromatisée à de nombreuses saveurs comme le litchi, le kiwi, la mangue, le melon, la pêche, la fraise, le curry...
(28) On soulignera par exemple la vente, au début du XXe siècle, dans une pharmacie de Warnemünde à Rostock (Mecklembourg-
Poméranie-Occidentale), de limonade embouteillée dans des bouteilles à bille pour palier à la mauvaise qualité de l’eau
potable (http://www.sedov.com).
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Fig. 3 : Contenants alimentaires provenant du front champenois (A-I) et d’Aspach-Carspach (Haut-Rhin) (J-K)
(Photos et DAO : M. Landolts et F. Lesjean) (collection F. Lesjean sauf J-K). A-B : Viande en boîte de conserve.
C : Hareng Bismarck. D : Petits pois extrafins en boîte de conserve conditionnés à Metz (Moselle) par la firme
« E. Moitrier ». E : Roquefort en boîte de conserve de la marque « Edelweiß ». F-G : Camenbert en boîte de conserve
de la marque « Edelweiß ». H : Boîte de bouillon de la marque « Maggi ». I : Bouteille d’arôme « Maggi ».
J-K : Bouteille graduées de concentré de vinaigre (Essigessenz).

en sauce (Lesjean 2008, p. 39-41) (Fig. 3, A-B). Les boîtes de viande distribuées par les armées
sont souvent considérées comme des vivres de réserve et leur consommation se fait sur ordre du
commandement lorsque les combats ne permettent pas un acheminement régulier de la nourriture.
Pendant les périodes d’accalmie du front, les corvées permettent l’approvisionnement en aliments
frais. Leur préparation ne produit pratiquement pas de déchets d’emballage si ce n’est des restes
osseux. Les études archéozoologiques apportent de nombreuses informations inédites, mais ce type
d’approche demeure encore trop rare pour cette période. À Aspach-Carspach, une étude a été menée
sur plus de deux cent restes issus d’un même dépotoir (Landolt et alii 2008, p. 43-51 ; Lesjean 2008,
p. 85-87). La grande majorité des os appartiennent au bœuf (92,4 %), le reste se partageant entre le
porc (4,8 %), le mouton (1,4 %) et la poule (1,4 %).
Les animaux destinés à la consommation provenaient d’élevages implantés à l’arrière. La viande
de porc est parfois surnommée « Marmelade-Ersatz », c’est à dire « marmelade de remplacement »
par le troupier allemand (Fombaron et Horter 2004, p. 171). A partir de 1917, quand les conditions
le permettent, les Allemands découpent et consomment systématiquement les chevaux victimes du
champ de bataille. L’étude des traces de découpe nous renseigne sur les techniques militaires de
boucherie. La consommation d’animaux de grande ou de moyenne taille est attestée et les ossements
issus des parties les plus charnues de l’animal sont les plus fréquentes (pattes, cuisses, épaules,
côtes...). Les autres parties anatomiques sont rares et font peut-être l’objet d’une transformation en
charcuterie demandant plus de préparation (pâté, fromage de tête...). Celle-ci constitue un appoint
important de l’alimentation du soldat allemand car elle n’a pas besoin d’être réchauffée. Les terrines
à couvercle en faïence, de différentes tailles et de différents modèles, destinées à accueillir des pâtés,
de la margarine et d’autres graisses alimentaires, sont parfois retrouvées dans les dépotoirs. Certains
modèles ornés de têtes de lions ont été produits à Sarreguemines (Moselle). Une terrine en faïence
provenant de Schiltigheim (Bas-Rhin), présentant encore son étiquette en papier collé contenant du
foie gras d’oie agrémenté de truffe du Périgord, a été identifiée sur le front champenois (« Gänseleber
Terrin Perigord Truffel, Aug. Michel, Schiltigheim-Strassburg ») (Fig. 5, K).
Les produits de la mer
Les produits de la mer occupent une place importante dans l’alimentation du soldat allemand (Lesjean
2008, p. 44-46). Les poissons en boîtes de conserve se retrouvent plus généralement dans les zones où
les troupes sont originaires du nord de l’Allemagne (régiments mecklembourgeois et des villes libres
de la Hanse). Ce lien reste à vérifier à l’aide d’études archéologiques quantitatives à mettre en parallèle
avec les documents historiques. Le hareng et l’anguille sont très répandus alors que la sardine est rare.
Le « Bismarck Heringe » (Hareng Bismarck) est la principale marque distribuée sur le front (Fig. 3, C).
L’importation de sardines norvégiennes, pêchées dans des eaux interdites aux pêcheurs allemands à cause
du blocus29, est attestée par les sources champenoises. On note aussi l’existence d’autres espèces comme
le saumon et les crevettes. Vers la fin du conflit, les fruits de mer comme l’huître bélon apparaissent en
Champagne dans les camps allemands de repos. D’une manière générale, les dépotoirs nous informent
que le combattant allemand consomme des produits provenant de la Mer du Nord, mais qu’il lui arrive
aussi parfois de déguster des sardines françaises récupérées dans les stocks ennemis.
Les produits laitiers
L’intendance fournit parfois du fromage (Lesjean 2008, p. 38-39). Des emballages de fromages
sont parfois retrouvés dans les dépotoirs. On signalera, par exemple sur le front champenois,
l’existence de roquefort et de camembert30 conditionné dans des contenants en fer blancs de la
firme bavaroise « Edelweiß » (Fig. 3, E-G)31. Elles témoignent d’une industrie alimentaire allemande
avancée. Ce camembert est né avec les travaux de l’allemand Karl Hoefelmayr qui réussi en 1890
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(29) Le blocus des ports allemands était réalisé par la surveillance du détroit du Pas-de-Calais et l’installation de champs de mines
par la marine britannique entre la Norvège et l’Écosse à partir de novembre 1914. Le 1er mars 1915, les Alliés étendent le
blocus à la totalité des marchandises allemandes. D’une efficacité limitée dans la mer Baltique, le blocus permet cependant
d’isoler presque entièrement l’Allemagne de l’océan Atlantique.
(30) Le roquefort bénéficie d’une appellation d’origine contrôlée depuis 1925. Par contre, le camembert est une appellation non
contrôlée. Seul le camembert de Normandie bénéficie d’une appellation d’origine contrôlée depuis 1983.
(31) Pour connaître l’histoire de l’entreprise  «  Edelweiß  », voir [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] Depuis 2003, la société
«  Edelweiß  » est une filiale du groupe agroalimentaire français «  Bongrain  », principal leader mondial des spécialités
fromagères. Pendant la Première Guerre mondiale, on signalera aussi que le camembert fait partie de la ration du soldat
français et devient un mythe national (Boisard 1992).
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à isoler les micro-organismes du camembert et à les élever dans du lait pendant ses études à Paris.
À son retour en Allemagne en 1892, il commença à produire du camembert sous la dénomination
« Edelweiß Camembert  » issu de bactéries isolées. En 1894, la fabrication du camembert a été
installée à Eich près de Kempten (Bavière) et l’entreprise devint le fournisseur officiel de la cour
royale de Bavière car elle pouvait produire de façon continue ce fromage dans une bonne qualité. À
partir de 1896, le fromage est conditionné dans des boîtes métalliques permettant sa conservation
pendant plusieurs mois et dès 1906, il est vendu sous la forme de six doses individuelles.
Les combattants s’approvisionnent généralement en produits laitiers frais auprès des civils.
Les dépotoirs livrent peu d’éléments liés à la consommation du lait, conditionné dans des bidons
métalliques, mais l’existence de tubes de lait condensé est attestée notamment ceux de la marque
« Milchmädchen » (kondensierte Milch). La présence d’un squelette de chèvre quasiment complet
dans un dépotoir d’Aspach-Carspach est certainement liée à une production laitière (Landolt et alii
2009, p. 43-50)32. De petits élevages d’animaux, encouragés par le commandement pour favoriser
l’autosuffisance, sont bien attestés sur le front (lapins, poules, cochons...) (Fombaron et Horter
2004, p. 171).
3. Les aliments d’origine végétale
Le pain
La consommation du pain laisse peu de traces archéologiques, car il est conditionné dans un
emballage léger. Il peut toutefois être retrouvé sous forme carbonisée. Sa diffusion sous forme
biscuitée est attestée. Avec la baisse de la production céréalière en Allemagne, on signalera l’utilisation
de farine de pomme de terre, en complément aux céréales, pour la fabrication du « K‐Brot », une
composante essentielle du régime alimentaire allemand qui porta pendant le conflit des noms divers
comme « Kriegsbrot » (pain de guerre) ou « Kartoffelbrot » (pain de pomme de terre) (Burchardi
2004 ; Chickering 2004, p. 139).
Les légumes
Les combattants se plaignent fréquemment du manque de légumes frais (Lesjean 2008, p. 41-
43). Le chou est très répandu du côté allemand et la pomme de terre fait l’unanimité chez tous les
combattants. À partir de 1917 apparaissent, en grandes quantités, les boîtes de rutabagas et les
mélanges de légumes à racines et à feuilles, peu appréciés du troupier allemand. Les conserves de
légumes peuvent facilement être envoyées au combattant à l’intérieur de colis (petits pois, haricots,
asperges, cœurs de palmiers....) (Fig. 3, D)33.
Les soupes condensées et les condiments liquides
À la veille de la Première Guerre mondiale, la soupe est l’aliment de base de la plupart des
populations européennes (Lesjean 2008, p. 46-47). Elle se prépare en grande quantité et sa
composition est économique car elle peut réutiliser des restes alimentaires. L’intendance s’efforça de
fournir les ingrédients aux cuisiniers des compagnies en ligne, mais la réussite d’une bonne soupe
exigeait des légumes frais et une cuisson douce et longue dans un contexte parfois difficile (retard des
approvisionnements, réduction des temps de préparation, arrivées des corvées de première ligne...).
Dès le début du conflit, les combattants allemands se procurent des bouillons condensés proposés
dans le commerce, n’exigeant que de l’eau et un réchaud pour leur préparation (Knorr, Maggi, Oxo,
Liebig...) (Fig. 3, H). Les bouteilles en verre d’arôme « Maggi » sont très fréquentes dans les dépotoirs
(Fig. 3, I). Cet extrait de substances végétales apparu en 1888 est destiné à rehausser la saveur des
bouillons et des potages.
Un type de bouteille, de forme particulière, s’accorde avec la consommation de condiments liquides.
Il s’agit de bouteilles en verre graduées de concentré de vinaigre (Essigessenz34) portant l’inscription
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(32) La mort de l’animal, dont aucun élément n’indique qu’il ait été abattu intentionnellement, est très probablement à mettre en
relation avec son âge déjà avancé et ses conditions d’élevage rudimentaires en première ligne. En effet, il s’agit d’une chèvre
adulte qui a atteint l’âge de réforme (sept ans).
(33) Les exemplaires pris en compte dans cette étude proviennent du front champenois.
(34) L’usage populaire du nom « vinaigre » pour l’acide acétique dilué est confirmé en 1904 par l’industrie allemande du vinaigre,
organe de l’association allemande des producteurs de vinaigre.
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« Für eine Weinflasche Für ein Literflasche » (Pour une bouteille de vin Pour une bouteille d’un litre)
(Landolt et alii 2008, p. 35) (Fig. 3, J-K)35. Deux types ont été identifiés à Aspach-Carspach : l’un avec
un large goulot, un autre avec un goulot resserré présentant une perforation triangulaire permettant un
dosage au goutte-à-goutte36. Sur le fond, les initiales « D. R. P
. » correspondent à l’abréviation de «37Deutsches Reichs Patent » (Brevet de l’Empire allemand) .
Le concentré de vinaigre est produit par l’entreprise « Speyer und Grund » à partir de 1863.
Les bouteilles graduées de concentré de vinaigre apparaissent en 1875 et le type avec système de dosage est fabriqué à partir de 1905.
En 1911, la production s’installe dans l’usine chimique de Schweinfurt (Bavière) (Schultz 1906, p. 220) et sa diffusion
est diffusée par l’entreprise « Decker & Co. » implantée à Cologne (Rhénanie du Nord-Westphalie)38.
À cette époque, la vente annuelle atteint un million de bouteilles. Après la Première Guerre mondiale,
la Rhénanie et l’est de l’Allemagne sont les plus grands consommateurs de concentré de vinaigre. Ac-
tuellement, ce dernier est encore produit en Allemagne pour y être diffusé, ainsi qu’aux États-Unis, au
Canada, en Europe de l’Est et dans les pays arabes. Sur le front, ce type de condiment semble apparaître
à la fin du conflit, vers 1917. Au début du XXe siècle, le concentré de vinaigre contenait 80 % d’acide
acétique, alors qu’aujourd’hui un vinaigre en contient entre 5 et 8 %39. Le concentré de vinaigre peut
être utilisé pour fabriquer du vinaigre d’assaisonnement en le diluant dans de l’eau40. Au front, ce sys-
tème présente l’intérêt de pouvoir produire de grandes quantités de vinaigre avec une petite bouteille
de concentré. L’hypothèse de l’utilisation de l’acide acétique dans le traitement des poux peut aussi être
évoquée (Doué 1948, p. 323).
À l’arrière des lignes allemandes de Champagne, on note la présence de petits pots en verre
portant l’inscription espagnole « Cocinero » (cuisinier). Ils appartiennent à une marque qui produisait
du piment en Bolivie et de l’huile au Guatemala.
La moutarde
L’utilisation du verre comme contenant à moutarde est une pratique apparue à la fin du XIXe siècle
qui perdure encore aujourd’hui (Lesjean 2008, p. 65-69)41. Initialement conditionnée dans des pots
de grès dont le système de fermeture n’était pas totalement hermétique, la moutarde avait tendance à
perdre de sa qualité et de son acuité sous l’influence de la lumière et de l’oxygène42. L’utilisation du
verre, matériau plus neutre et hygiénique, permettait une meilleure conservation même si l’herméticité
de la fermeture n’était pas encore totalement assurée43. De plus, après utilisation, le verre pouvait
être réutilisé. Les couvercles métalliques colorés présentent généralement des indications sur la
marque, la provenance et le type de moutarde44. Sur le front champenois, de nombreuses marques ont
pu être identifiées : « Kauenthaler » à Coblence (Rhénanie-Palatinat), « Moskopf » à Fahr-am-Rhein
(Rhénanie-Palatinat)45, « Prima », « Egla »...
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(35) Nous tenons à remercier Mme Heike Kahlweiß de l’entreprise « Speyer & Grund » pour les informations concernant l’histoire
du concentré de vinaigre. Voir aussi [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] et [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]
(36) Les dimensions moyennes des bouteilles de petite taille sont 15,5x 4,3x 6,8 cm pour une contenance de 200 g ou 150 mil-
lilitres. Il existe au moins deux formes de goulots non équipés de système de dosage (Flaschen mit Ausflußbeschränkung).
Un troisième type de bouteille de même contenance, présentant un profil cintré et les initiales « E S G », n’apparaît qu’en
1922 (Flasche in Taillenform). Enfin, dans l’état actuel de la documentation, nous ignorons si le type de grande taille (26,1 x
10,1 x 7,7 cm) existait déjà pendant la Première Guerre mondiale (type identifié dans une brocante en Alsace). Ce dernier
possède seulement l’inscription « Liter » (litre) au-dessus de 20 graduations.
(37) Ces initiales peuvent être accompagnées des numéros 181865, 241856 et/ou 244327.
(38) Les entreprises « Decker & Eisenhardt » et « Speyer & Grund GmbH & Co. KG » ont fusionné en 2003 et diffusent le concentré
de vinaigre sous la marque « Surig » et « Würzgut ». Cette dernière est principalement destinée à l’Allemagne de l’Est.
(39) De nos jours le concentré de vinaigre diffusé par «  Surig » ne comporte plus que 25 % d’acide acétique. Les étiquettes
signalent que le concentré de vinaigre à 80 % peut être dangereux pour la santé en cas d’ingestion sans dilution.
(40) Les graduations sur le dos indiquent la quantité nécessaire de concentré de vinaigre pour fabriquer du vinaigre dans une
bouteille de vin (trois quarts litres) ou dans une bouteille d’un litre. On signalera une autre utilisation en dilution avec de l’eau
bouillie, lors de la réalisation de conserves dans des bocaux de verre et pour la conservation des cornichons.
(41) L’hypothèse de verre ayant contenu des fruits au sirop ou alcoolisés a aussi été proposée (Laparra et Hesse 2008, p. 36).
(42) À la même époque, la moutarde française, principalement produite à Dijon, est majoritairement conditionnée dans des ports en
faïence blanche ou en grès. Les contenants en verre sont eux aussi attesté mais en moins grande quantité que du côté allemand.
(43) L’herméticité ne sera pas totalement assurée avant l’utilisation de tubes métalliques puis en plastiques avec une fermeture à
bouchon à vis.
(44) En Allemagne, il existe différents types de moutarde de table (Tafelsenf) : l’extra-forte, la forte, la douce et la sucrée. La
moutarde bavaroise, créée au XIXe siècle, se distingue par une saveur sucrée très perceptible (bayerischer Süßer Senf). Elle
est fréquemment utilisée pour accompagner les saucisses blanches et la terrine de viande mais peut être dégustée directement
ou tartinée.
(45) Cette usine de vinaigre de vin et de moutarde, fondée par Theodor Moskopf en 1836, a produit de la moutarde de raisin
(« Moskopf’s Trauben-Senf mit der Traube »).
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Fig. 4 : Verre à moutarde provenant du front champenois (Photos DAO : M. Landolt et F. Lesjean) (collection F. Lesjean).
A-B : Type 1, verre de grande taille avec anse (chope). C-D : Type 2, verre de grande taille sans anse.
E-I : Type 3, verre de taille moyenne sans anse. J : Type 4, verre de petite taille sans anse.
Il existe différents modèles de verres à moutarde aux contenances variée souvent décorés. Leur
typologie précise reste à établir mais cinq grandes familles peuvent déjà être proposées : les verres
de grande taille avec ou sans anse correspondant à des chopes (Fig. 4, A-D)46, les verres de taille
moyenne avec ou sans petit pied débordant (Fig. 4, E-I,)47, les verres de petite taille (Fig. 4, J)48 et les
verres à pied de formes et dimensions variées. La diversité observée à l’intérieure de chaque famille
est liée à la diversité des lieux de productions. Les décors peuvent se développer sous la forme de
motifs végétaux (raisins, fruits, cerises, nénuphars...) (Fig. 4, E et J) ou patriotiques (maréchal Paul
von Hindenburg, comte Ferdinand von Zeppelin, soldats allemands et autrichiens, croix de fer...)
(Fig. 4, G). Ils portent parfois des inscriptions (« Gott mit uns ») (Fig. 4, H). Le verre, quant à lui,
peut prendre différentes teintes  translucides, du blanc au bleu, en passant par le jaune et le vert.
À partir de 1917, le verre reçoit fréquemment une nuance de couleur verte ou bleue et les motifs
patriotiques se raréfient.
Ce type de conditionnement, intégré au paquetage du soldat, permettait de disposer de moutarde
au même titre que de sel ou de sucre. L’extrême variété et la grande quantité de verres à moutarde
suggèrent que le combattant allemand accompagnait très souvent son repas de moutarde, améliorant
ainsi la saveur des aliments. La datation et la quantification des verres à moutarde retrouvés dans les
dépotoirs pourraient démontrer si la consommation de moutarde connaît une évolution au cours du
conflit. Une augmentation pourrait éventuellement être corrélée avec des problèmes de qualité de
l’alimentation.

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scoubidou57
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L’alimentation du soldat allemand sur les fronts d’Alsace Empty Re: L’alimentation du soldat allemand sur les fronts d’Alsace

Message par scoubidou57 Jeu 9 Mai - 14:55

Les fruits, la confiture et la marmelade
Les combattants recevaient des fruits de l’intendance essentiellement en boîtes (confiture,
marmelade et compote). Les combattants appréciaient la consommation de fruits à l’état naturel
et ils n’hésitaient pas à s’en procurer à l’arrière auprès des habitants ou à l’occasion de séances de
« chapardage ». À l’emplacement qu’occupaient jadis les camps de repos allemands, il n’est pas rare
d’observer aujourd’hui des arbres fruitiers (pommiers et merisiers principalement), dont la présence
pourrait être liée aux rejets de noyaux et de pépins (Lesjean 2008, p. 87).
La consommation de véritables confitures était exceptionnelle, alors que la marmelade, de qualité
médiocre, était distribuée en grande quantité à la fin du conflit. À partir de 1917, elle pouvait même
être conditionnée dans des sceaux métalliques d’une contenant de 2,5 litres environ. L’impopularité
de la marmelade, devenue un aliment de base peu appétissant, fait l’objet de caricatures humoristiques
notamment sur des cartes postales. Des conditionnements particuliers en fer blanc, qui contenait de
la véritable confiture de fruits, étaient cependant acheminés sur le front de manière épisodique. Il
s’agit de boîtes caractéristiques des années 1916/1917, possédant un couvercle finement orné d’un
oiseau (bouvreuil ou rouge-gorge) posé sur la branche d’un arbre fruitier, la représentation du fruit
indiquant le parfum (cerise, fraise, framboise, groseille, mirabelle, poire, pomme, prune...). Ce type
de contenant diffère des autres boîtes de conserve par sa fermeture, assurée par un simple couvercle
emboîté. Le couvercle devait être maintenu par une bandelette autocollante de papier ou de tissu,
indispensable à la garantie d’un minimum d’herméticité (stockage, transport...).
Un modèle de tasse bien particulier en porcelaine blanche généralement ansé parfois appelé tasse
« régimentaire », « patriotiques » ou « à moka », a fait l’objet de vente dans les foyers allemands
(Fig. 5)49. L’interrogation demeure sur la nature de son contenu, mais il s’agit certainement de mou-
tarde ou de marmelade (Laparra et Hesse 2008, p. 36). Un petit couvercle en fer blanc assurait la
protection du contenu. Ce type de contenant alimentaire ne se rencontre pas sur tout le front : on
en retrouve beaucoup dans la Meuse (Adam et Prouillet 2009, p. 52), dans la Marne, un peu dans
l’Aisne et en Alsace (Lesjean 2008, p. 84-85 ; Landolt et alii 2009, p. 37), alors qu’il semble inexis-
tant en Flandres et en Artois. Sa distribution semble aussi limitée à certaines périodes du conflit,
principalement les années 1915 et 1916.
Il existe plus d’une centaine de motifs décoratifs pour ces récipients, réalisés par impression
chromolithographique (Piéchaud et alii 1991, p. 10). Les thématiques militaires et patriotiques sont

(46) Hauteur entre 9 et 10 cm environ ; diamètre de l’ouverture 6 cm environ.
(47) Hauteur entre 8 et 9,5 cm environ ; diamètre de l’ouverture entre 4,3 et 6 cm environ.
(48) Hauteur 7 cm environ ; diamètre de l’ouverture 5 cm environ.
(49) Hauteur moyenne 8,5 cm ; diamètre moyen 6,8 cm.
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]
Fig. 5 : Tasses à marmelade provenant du front champenois (Photos et DAO : M. Landolt et F. Lesjean)
(collection F. Lesjean). A-C : Motifs patriotiques associés aux portraits des empereurs Guillaume II
et François Joseph 1er. D : Portrait du Kronprinz Guillaume. E-F : Motifs patriotiques avec la croix de fer.
G : Couple d’Alsaciens en costumes traditionnels. H : Hänsel et Gretel. I : Scène de cirque avec un clown
et des singes musiciens sur un char tiré par des cochons.
omniprésentes à travers les représentations de soldats, de croix de fer, de feuilles de chêne, de la
couronne impériale, de l’aigle noir impérial, des drapeaux des principaux états allemands ou des
empires coalisés (Fig. 5, E-F)... On note parfois l’existence de dates (principalement les années 1914
à 1916), de devises (« Gott mit uns »...) ou de monogrammes (monogramme « W » de l’empereur
Guillaume II). Les portraits d’illustres militaires (maréchal Paul von Hindenburg...) et de membres
des familles impériales (empereur allemand Guillaume II, Kronprinz Guillaume, empereur autrichien
François-Joseph Ier, sultan ottoman Mehmed V de Turquie, tsar Ferdinand Ier de Bulgarie...) ou
royales (roi Louis III de Bavière, prince héritier Rupprecht de Bavière...) sont nombreux (Fig. 5,
A-D). Les thèmes civils sont également développés à travers des représentations florales ou animales
(fruits, fleurs, animaux du zoo...), des personnages habillés en costumes traditionnels (Alsace...)
(Fig. 5, G-I). Il existe aussi plusieurs séries avec des enfants (scènes de jeux ou tirées de la vie
quotidienne)50, des scènes de cirque ou tirées de légendes et contes populaires.
Les différentes formes d’anses révèlent une diversité des lieux de production de ces tasses.
Les marques permettant leur identification sont extrêmement rares. Une seule marque a pu être
reconnue. Imprimée en rouge, elle présente les lettres « V », « D » et « P » entourées d’un cercle
associé au nombre « 75 » (diamètre 13 mm) (Fig. 5, J). Ces lettres correspondent à l’abréviation
de «  Vereinigung Deutscher Porzellanfabriken zur Hebung der Porzellan-Industrie  » (Union des
manufactures allemandes de porcelaine pour la promotion de l’industrie de la porcelaine) qui
regroupait soixante dix sept usines de porcelaine entre 1900 et 1912 (Zühlsdorff 1994, p. 473-474,
n°3-106 ; Gauvin et alli 2005, p. 162-163)51. La tâche de cette association était d’encourager le
développement économique et technique de la porcelaine. Le nombre « 75 » correspond au porcelainier
« Zwickauer Porzellanfabrik » qui produisait entre 1880 et 1928 à Zwickau (Saxe) (Zühlsdorff 1994,
p. 652-653, n°3-1434). Le marquage « V D P 75 » se retrouve sur les tasses à anses massives de
section quadrangulaire avec des décors patriotiques (croix de fer, aigle impérial et drapeaux), des
portraits impériaux de Guillaume II d’Allemagne et de François-Joseph Ier d’Autriche ou de princes
(Kronprinz Guillaume et Rupprecht de Bavière). En Champagne, ces modèles sont retrouvés dans
les secteurs occupés par les troupes saxonnes et badoises. Les tasses possédant une anse fine à bec
supérieur avec des motifs alsaciens (Alsacien assis dans un décor traditionnel et couple d’Alsaciens)
en possèdent aussi parfois. La présence des dates 1914 et 1915 sur certains motifs patriotiques
implique l’utilisation du marquage « V D P 75 » après 1912 ou plus vraisemblablement l’impression
de décors sur des tasses non décorées fabriquées antérieurement entre 1900 et 191252.
Les sucreries

Les combattants ne sont pas de grands consommateurs de sucreries, même si celles-ci sont
toujours appréciées principalement lors de festivités (caramels, bonbons à la résine de pin, pâte de
fruit...). Côté allemand, les déchets produits par ces aliments sont rares dans les dépotoirs. Ils sont
quasiment absents du côté français. La seule sucrerie réglementaire est le chocolat, qui constitue
l’une des vivres de réserve.
(50) L’exemplaire incomplet d’Aspach-Carspach possède un décor mettant en scène une fillette au milieu d’une basse-cour (poule
et coq) utilisant une pompe à eau, avec à l’arrière-plan, un village (Landolt et alii 2009, p. 37).
(51) Nous remercions M. Émile Decker, Conservateur en chef des Musées de Sarreguemines, pour ces renseignements. Des
études complémentaires sur la production de ces tasses seront développées ultérieurement.
(52) L’application d’un décor par chromolithographie nécessite une troisième cuisson de la porcelaine.
Conclusion
On notera tout d’abord que l’approche archéologique d’un dépotoir de la Première Guerre mon-
diale apporte des informations généralement inédites sur les conditions alimentaires au front ou au
repos, les témoignages des combattants les mentionnant rarement et superficiellement53. Les cartes
postales évoquent parfois avec humour et naïveté les conditions alimentaires et peuvent apporter
quelques compléments d’informations sur l’état d’esprit des troupes vis-à-vis de leur nourriture
(Fig. 6). L’archéologie garantit aux objets une interprétation historique par le décodage des informa-
tions qui leur sont inhérentes (matériaux, inscriptions, datation, provenance, destination, utilisation,
réutilisation, usure...) ou liées à leurs contextes (localisation, structure, stratigraphie...).
Les objets liés à l’alimentation retrouvés dans les dépotoirs témoignent aussi assez bien de
l’industrie alimentaire allemande en place avant le début de la guerre et de son développement au
cours du conflit pour faire face à la pénurie. Les matériaux utilisés pour la réalisation des contenants
reflètent nettement ces particularités et modifications. L’utilisation considérable du verre nécessite
un recyclage qui est à l’origine d’une baisse de sa qualité à partir de 1917 (Lesjean 2008, p. 49).
La disparition de certains types de contenants correspond peut-être à un arrêt de leur production.
D’autres présentent des imperfections inhérentes à la fabrication (nombreuses bulles d’air à l’intérieur
du verre, ondulations légères du ventre des bouteilles, bavures grossières des bouteilles moulées...).
La baisse des moyens énergétiques liée au blocus a probablement eu des répercutions dans la
production allemande du verre, à l’origine d’une récupération et d’un reconditionnement de plus en
plus organisé et systématisé des verres anciens. Ce constat est nettement observé pour les bouteilles
de vin rhénanes ou d’eau minérale, ainsi que pour un type tardif de verre à moutarde. Parallèlement,
l’avance allemande dans la production des contenants alimentaires métalliques est observable. En
1913, l’Allemagne produit 82  000 tonnes de fer blanc, alors que la France atteint difficilement
37 000 tonnes (Vernay et Ghozland 1998). Cette capacité de production est perceptible dans la
grande diversité de conditionnement en fer blanc utilisée par l’industrie alimentaire allemande. Il
conviendra à l’avenir de corréler la datation des dépotoirs avec les types d’aliments consommés afin
d’appréhender l’évolution des problèmes d’approvisionnement et des pénuries.
Parallèlement, « l’art de la table » peut être étudié. Au repos, les combattants recherchent une
amélioration constante de leur condition matérielle et ils sont dans l’obligation de faire preuve
d’imagination et d’utiliser au mieux les ressources de leurs zones de déploiements. Les maisons
abandonnées sont souvent visitées par les troupiers en quête d’objets plus ou moins utiles. Les
ustensiles et services de table ont beaucoup de succès. Les verres, les assiettes, les tasses, les bols et
les couverts embellissent les popotes des unités en créant un lien avec la vie civile (Landolt et alii
2009, p. 35-37). L’utilisation de vaisselle en faïence ou en porcelaine évitait aussi le goût métallique
laissé par les plats réglementaires.
Les circuits d’échanges peuvent aussi être abordés principalement à travers l’origine des produits
alimentaires. Par exemple, les origines des eaux minérales et des bières sont-elles en adéquation avec
l’origine des régiments ? Les troupes du Nord de l’Allemagne mangent-elles plus de poisson que les
Bavarois ? Ces questionnements permettront d’aborder les circuits d’approvisionnement, officiels
ou non, et de déterminer si certains régimes alimentaires peuvent avoir une relation avec une origine
géographique ou un type d’unité. L’étude des circuits d’approvisionnement des cantines et magasins
reste à entreprendre (Balmier et Roess 2002, p. 118 ; Fombaron et Horter 2004, p. 168 et 171)54. Ces
véritables institutions privées des corps de troupes proposaient aux soldats à prix réduit des aliments
(53) Pour les témoignages des combattants allemands, voir par exemple les témoignages d’Ernst Jünger. Jünger 2007, p. 84 : « Les
jours de gala, il y avait du hareng avec des pommes de terre en robe de chambre, le tout au saindoux, mets savoureux. » .
Jünger 2007, p. 138 : « Quand j’atteignis mon cantonnement, mes hommes, revenus d’une battue semblable à travers les
jardins, avaient concocté, de viande en conserve, de pommes de terre, de petits pois, de carottes, d’artichauts et de verdures
diverses, une soupe où la cuiller tenait debout.. ». Jünger 2007, p. 159 : « Le ravitaillement, pendant tout ce temps, fut au
contraire des plus maigres. Les pommes de terre commençaient à se faire rares ; jour après jour, quand nous levions les
couvercles des marmites, dans notre immense réfectoire, nous trouvions des rutabagas à l’eau. Bientôt, nous ne pûmes
plus voir, même en peinture, des légumes jaunâtres. Il faut pourtant avouer qu’ils valent mieux que leur réputation, mais
à condition qu’on les fasse mijoter avec un bon morceau de viande de porc et qu’on épargne pas non plus le poivre. Or,
c’était bien entendu, ce qui nous manquait. » Pour quelques témoignages des combattants français, voir Cazals et Loez 2008,
p. 115-122 ou Soudagne 2009, p. 77-102.
(54) Ces magasins présentent de nombreuses appellations notamment Kantine, Kaufhaus ou Soldatenheim.
(conserves, fromage, marmelade, chocolat...), des boissons (bière, eaux minérales...) et des objets
de la vie quotidienne (tabac, brosses, allumettes, lampes de poche, piles, papier, cartes postales...).
Il est intéressant d’avoir pu mettre en évidence la présence de bouteilles ou d’autres contenants
provenant d’Amérique latine ou d’Afrique du Sud dans les lignes allemandes, à une période où le
blocus mis en œuvre par les Alliés est effectif. Quand, comment et par quels moyens ces bouteilles
sont-elles arrivées en Allemagne avant d’être acheminées sur le front  ? Ces contenants en verre
étaient-ils produits en Allemagne, grâce à une industrie très performante, avant leur exportation
vers ces pays ou s’agissait-il de stocks alimentaires importés avant la guerre ? Devant les pénuries
de matière première, les producteurs se seraient alors résignés à utiliser ces contenants ou produits
alimentaires malgré des libellés en espagnol ou en anglais.
Sur de nombreux contenants en verre ou en porcelaine, la figuration patriotique est omniprésente :
portraits issus des familles impériales ou royales (Allemagne, Autriche-Hongrie, Bulgarie,
Turquie...) ou de héros militaires (Otto von Bismarck, Paul von Hindenburg...), tous deux ciments
des nations en lutte, devises, symboles victorieux (croix de fer, feuilles de chêne...)... L’étude des
lieux de production et de consommation des porcelaines patriotiques reste à entreprendre (tasses
à marmelade). À l’échelle globale du front ouest, quelques premières observations qualitatives
peuvent être tirées de l’étude des déchets provenant des lignes allemandes. Du front d’Alsace à la
Champagne, certains contenants alimentaires portant des motifs patriotiques sont souvent mis en
évidence (tasses, verres et bouteilles) alors qu’à partir de la Picardie ce type de déchet se raréfie
et devient exceptionnel notamment en Artois et dans les Flandres55. Comment expliquer une telle
disparité entre les secteurs septentrionaux et méridionaux du front ouest ? Cette différence est-elle
seulement liée à l’éloignement de l’Allemagne de la partie nord du front ouest, les conditionnements
superflus n’étant peut-être pas prioritaires ?
L’apparition d’une nourriture adaptée allant vers une autonomie alimentaire du combattant a pu
être mise en évidence à travers le recours massif à des conditionnements multiples et aux conserves.
Il s’agit aujourd’hui d’une des caractéristiques de l’alimentation des pays occidentaux. Si certaines
petites inventions apparues pendant la Grande Guerre se retrouvent encore parfois aujourd’hui
dans nos cuisines, les aliments condensés produits durant le conflit se sont également développés
et affinés avec l’évolution de la société (bouillons et laitages condensés, pains biscuités...). Ces
facilitateurs de la vie domestique, devenus abordables pour une grande partie de la population,
vont favoriser pendant l’entre-deux-guerres l’émergence du camping. Des déséquilibres ont déjà
été mis en évidence entre les dépotoirs des différents belligérants. Des comparaisons pourront
ultérieurement être développées avec la fouille de dépotoirs de différents protagonistes du conflit.
En effet, il apparaît déjà qu’une quantité prépondérante des objets du quotidien peut être mise en
relation avec les troupes allemandes, essentiellement nourries par leur industrie, contrairement aux
combattants français principalement approvisionnés en vivres frais56.
Il apparaît clairement que le nombre de dépotoirs n’est pas en adéquation avec la consommation
alimentaire normale de millions d’hommes pendant quatre ans. Les dépotoirs importants correspondent-
ils à des périodes bien particulières où le front est en suractivité, occasionnant une recrudescence de
mouvements de troupes et par conséquent de déchets ? Ces déchets, habituellement évacués, peuvent
être enterrés sur place si les circonstances du moment l’imposent. L’existence d’un processus de
sélection et de récupération des déchets dans un but économique est attestée côté allemand (Cron
1923 ; Cron 1937 ; Laparra 2005). Des unités de récupération, spécialement affectées au nettoyage
du champ de bataille avaient été crées (Sammelkompagnien, Sammelkommandos et Sammeltrupps)57.
Initialement utilisées dès août 1914 pour l’ensevelissement des morts et la récupération des armes et
munitions qui jonchaient le sol du champ de bataille, leurs fonctions se diversifient avec la perduration
de la guerre. L’apparition de la pénurie de matières premières voit l’intensification, la diversification
et la systématisation de l’activité de récupération menée par ces hommes animés par un certain goût
du butin. Un véritable travail de tri et de recyclage est effectué. La liste des matériels et matériaux
s’allonge avec l’aggravation des pénuries, comme l’indique l’ordonnance du 31 mai 1917 : « Il faut
(55) Ce constat a également pu être établi pour les Flandres par l’archéologue belge Marc Dewilde lors du colloque de Suippes-
Arras en 2007.
(56) On notera que la tendance semble aujourd’hui s’inverser en Allemagne avec le fort développement de l’agriculture
biologique.
(57) Pour comprendre l’organisation et de fonctionnement de ces unités en 1918, voir Laparra 2005, p. 94-95.
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Fig. 6 : La vision de l’alimentation du soldat allemand à travers les cartes postales (collection particulière).
A : Carte postale diffusée à partir de 1916 affichant la bonne humeur du soldat déballant
d’une colis quelques produits traditionnels (« Salutation de la patrie »).
B : Carte postale humoristique soulignant l’impopularité de la marmelade devenue un aliment de base peu appétissant.
récupérer sur les champs de bataille et dans les abris tout ce qui est abandonné : armes et pièces
détachées d’armes, munitions ainsi qu’étuis et douilles, pièces d’uniformes et d’équipements et
de ces objets même jusqu’aux plus petits morceaux de drap, de cuir, caisses et autres emballages
et marchandises militaires [rations alimentaires], matières premières et objets commerciaux de
toutes sortes  ». Les habitants des zones et pays occupés sont soumis aux mêmes réquisitions, et
cela jusqu’aux cloches des églises58. Cette activité s’appuie sur une organisation parfaite permettant
d’alimenter les chaînes de recyclage. Certains détachements sont même affectés au tri des bouteilles
en verre, à la récupération de la matière première ou des équipements jusqu’à leur expédition vers
l’Allemagne, si les objets récoltés nécessitent un traitement industriel. La recrudescence d’activité
de ces détachements et l’affaiblissement des ressources de l’Allemagne est apparemment en parfaite
corrélation avec l’appauvrissement progressif des dépotoirs des combattants, principalement à partir
de 1917. Cette hypothèse pourra être confirmée avec la fouille de nouveaux dépotoirs bien calés
chronologiquement. Enfin, la pratique de la consignation des bouteilles, qui ne pouvait pas toujours
être mise en pratique en raison des combats et des déplacements des troupes, reste à étudier.
Cette étude se veut enfin être aussi un avertissement sur les risques tangibles de la disparition de
ces témoignages mobiliers. Une perte irrémédiable et progressive est en cours à cause du passage
régulier de fouilleurs clandestins, insensibles à ce type de démarche scientifique, mais intéressés
seulement par la collecte d’objets pouvant alimenter des collections privées, voir animés par des
intentions mercantiles. De plus, dans un contexte de patrimonialisation, l’aménagement de certaines
portions du champ de bataille, qui avaient été jusqu’alors plus ou moins délaissées, connaît un
développement grandissant. Pour accompagner ces démarches, la mise en place de problématiques
archéologiques menées en collaboration avec les associations et les chercheurs locaux pourrait
apporter un regard nouveau sur la vie quotidienne du combattant. En effet, il est nécessaire de
multiplier la fouille méthodique de dépotoirs sur l’ensemble du champ de bataille et à l’arrière, afin
de permettre une étude quantitative, chronologique, comparative et historique à l’échelle globale
du front. En effet, les rares fouilles de ce type ne permettent pas encore d’approches quantitatives
et statistiques, caractéristiques des études de mobilier archéologique59. Des études de ce type
devront être menées lors du développement ultérieur de la recherche. Enfin, d’autres problématiques
complémentaires à l’alimentation pourront être examinées, notamment les pratiques religieuses,
l’écriture, l’hygiène, la santé, l’artisanat ou le jeu.
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(58) Une affiche publiée en 1917 portant la devise « Aluminium, Kupfer, Messing, Nickel, Zinn ist genug im Lande ! Gebt es
heraus- das Heer braucht es ! » (« Aluminium, cuivre, laiton, nickel, zinc : ce pays en regorge ! Donnez-le l’armée en a
besoin ! ») témoigne des collectes et appels aux dons effectués par le « Service des matières premières de guerre » envers les
populations civiles (Sauvage 2008, p. 76).
(59) Une étude quantitative des bouteilles de bières et d’eaux minérales pourra être réalisée dans le cadre de l’étude en cours du
site de Geispolsheim (fouilles Michaël Landolt, PAIR, 2008-2009).
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